Georgette est venue déjeuner. Quelques huîtres, des pétoncles, un ragoût de pommes de terre. Jean-Jacques est mort, m’a-t-elle appris. C’est Françoise qui a vu l’annonce dans Nord Eclair. Jean-Jacques était mon cousin, un des fils de mon oncle Paul et de ma tante Jeanne. Il avait cinquante-sept ans, un cancer du poumon et quelques autres bricoles. Il était l’avant-dernier de cinq. Avant lui, Jean-Pierre, Jean-Marie, Marie-Louise. Après lui Jean-Luc… Je les ai complètement perdus de vue après l’enfance. D’ailleurs, ils étaient tous brouillés entre eux. Irréconciliables. Personne ne sait bien pourquoi. Il va être incinéré sans rien, m’a dit Georgette. Je n’ai personne à qui écrire. Mon oncle et ma tante sont décédés depuis longtemps. Il était séparé, je crois, de sa femme. Il avait une fille, Jeanne, qui doit avoir une trentaine d’années et que je ne connais pas. Il était de ma famille, devenu étranger… Amélie aussi a perdu un cousin. Claire lui a annoncé hier quand nous étions en voiture, de retour de Caen. Cinquante-deux ans et une ribambelle d’enfants. Nous sommes allés travailler au potager. Désherbé et labouré un nouveau carré. Nous voulions planter de l’ail et des oignons, mais les bulbes, achetés l’an dernier, s’étaient desséchés dans la remise.