Ce que Leo a surtout retenu de la journée d’hier, c’est la balade en 4L. Aussi quand nous étions sur départ pour le marché de Granville, il a demandé : Which car ? Quand il a compris que nous la prendrions une fois encore, il était ravi. Leo est un petit garçon toujours réellement émerveillé. On le voit en perpétuelle découverte. Fichue barrière de la langue. Je ne parviens pas à lui raconter grand-chose. J’aimerais bien pourtant. On se comprend quand même un peu. Et avec bonheur. Ce n’est déjà pas si mal. Je me suis laissé aller à penser à un fils. A oublier mon âge… Nous avons fait les courses pour le dîner. Des huîtres. Un poulet Vallée-d’Auge. J’ai réinventé la recette, souvenir des fois où, sur le chemin du retour de Carolles, je quittais l’autoroute pour m’arrêter chez Dufour, à Rouen, avec Marie qui avait alors entre sept et neuf ans. On se faisait alors un vrai gueuleton à deux. Saler et poivrer abondamment l’intérieur d’un beau poulet. Y mettre un gros bouquet de persil et un croûton de pain rassi, frotté de deux gousses d’ail. Masser la peau en entier avec de l’huile d’olive. Saler et poivrer à nouveau. Installer dans la lèchefrite où l’on a versé une (presque) demi bouteille de blanc sec et trois oignons coupés en dés. Après avoir ajouté quelques noisettes de beurre sur les blancs et les cuisses du poulet, rôtir à feu vif jusqu’à ce que la peau soit bien dorée. Faire revenir à sec, dans une poèle, un vingtaine de beaux lardons. Réserver. Faire revenir aussi, au beurre, une livre de très petits champignons de Paris. Réserver. Sortir le poulet, filtrer les sucs de cuisson. Les garder à part. Flamber le poulet au calvados. Le couper en morceaux. Garder au chaud. Dans une poèle profonde, verser le jus de cuisson avec les lardons et les champignons. Ajouter trois bonnes cuillèrées à soupe de crème fraîche. Laisser frémir. Vérifier l’assaisonnement. Disposer les morceaux de poulet dans le plat de service, napper avec la sauce. Parsemer de persil haché. Mon poulet a eu du succès. Nous avions invité Patrice. Il se trouvait seul à Dragey. Gillian étant pour quelques semaines à Toronto pour ses cours à l’université. La conversation s’est déroulée dans un franglais à dominante plutôt anglaise. Nous avons fini les dernières gouttes du calvados de M. Jouenne. Dehors, la pluie tombait en rafales. La tempête commençait à se lever.