Je pense en rond. Ca ne bouge pas. Après avoir ruminé toute la matinée et une bonne une partie de l’après-midi, j’ai fini par sortir. Je suis allé chercher les épreuves de Montée des cendres chez Caractères. Le livre sortira en mars. Je me suis arrêté dans un café pour feuilleter tout de suite. J’éprouve un étonnant vertige. J’étais un très jeune homme quand, il y a déjà trente-huit ans, mon premier recueil sortait justement chez Caractères. Je me suis rejoint aujourd’hui. Mon Dieu, comme il a fallu du temps. Et ce n’est pas fini. J’ai été chercher Amélie place Paul-Painlevé. C’était la réunion du CVJA de Nadine (ce Club qu’elle l’a créé en 2006 et qui doit son nom à une petite phrase d’un bien maladroit Olivier Rubinstein qui lui reprochait, à l’époque, de déjeuner avec de « Vieux Journalistes Alcooliques ». Nous sommes quelques uns de la presse littéraire à en faire maintenant partie. Je ne suis pas peu fier d’avoir la carte portant le n° 6…) Bons vins et beau buffet. Agréable compagnie. Bavardé avec Véronique. Avec Nathalie, Marie-Françoise, Hubert… Nous étions reçus chez Ariane, rue de Grenelle, juste en face du 155 où se trouvait mon studio à mon arrivée à Paris. Je suis resté plusieurs années à cette adresse. J’avais trouvé cette location par hasard alors que, je l’ignorais, le quartier avait abrité les amours de mon père et de ma mère, à leurs retours d’Indochine et de Martinique. Pour pouvoir s’y marier en 1974, Maman s’était d’ailleurs domiciliée chez moi. Je me souviens de la cérémonie à la mairie, rue de Grenelle aussi, et à l’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou. J’ai tracé mes itinéraires dans ces quelques rues. J’avais appris la promenade du soir de mes parents. Le Champ-de-Mars, puis flâner vers la Seine. S'arrêter regarder le temps qu’il ferait à la Météo, avenue Rapp. Je connais encore le nom des restaurants qu’ils fréquentaient et qui existaient encore quand j’habitais là-bas : Chez Blanc, Chez Doucet, près de l’École militaire… Subsistent encore, rue Saint-Dominique, La Fontaine de Mars et chez Thoumieux. Mon demi-frère Francis, que je n’ai jamais connu, logeait, sans que je le sache, à deux pas, rue Duvivier, alors même je m’y trouvais. Ce quartier m’est empli d’attaches. D’ailleurs, je crois même avoir été conçu avenue de La Bourdonnais… J’aimerais assez revenir dans ce coin du VIIe avec Amélie. Cela ressemble, hélas, à un souhait genre conte de fées. Frédérique que nous avons vue lors de la soirée, quitte Paris après son licenciement de chez Denoël. Elle nous a proposé de reprendre son appartement proche de la rue Daguerre. Ce n’est pas si cher, mais j’ai peur que ce soit encore trop cher pour nous. Alors, la rue de Grenelle…