Nous sommes allés écouter Emmanuelle qui chantait avec sa chorale à l’église de Saint-Pair. Je craignais le pire. C’était plutôt bien. Vraiment... J’ai été assez troublé qu’ils aient choisi, pour commencer, un chant espagnol du XVe siècle : En la fuente del rosel. Je l’avais entendu il y a très très longtemps interprété par Ana Maria Miranda. Petit choc. Impact minuscule. Davantage le souvenir de la sensation d’alors (je ne devais pas avoir vingt ans) que du lieu ou de ceux avec qui j’étais. Après le concert, Emmanuelle devait rejoindre les gens de son groupe pour rentrer sur Agon. Nous ne sommes restés quelques minutes avec elle. Son travail sur Jean Patou continue. Avec des avancées, des interrogations, de fausses pistes, quelques belles découvertes. Elle cherche, en ce moment, à découvrir l’identité du grand amour de jeunesse du couturier. Une « Violette », visiblement un peu plus âgée que lui, avec qui il a échangé une longue correspondance. Qui est-elle ? Comment la retrouver ? Drôle de jeu de piste… En rentrant, nous nous sommes lancés dans les rangements. Les penderies, les tiroirs de commodes sont emplis d’un ahurissant fouillis. Vider, trier, jeter. Nous y avons passé la soirée. J’ai retrouvé, la chemise de nuit de vieille dame que portait Maman lorsqu’on l’a emmenée à l’hôpital en 2006. Après sa mort, une infirmière m’avait rendu ses affaires dans un sac poubelle gris. J’avais tout nettoyé. Plié soigneusement. J’ai hésité. Aujourd’hui, je ne sais plus quoi faire de cette fausse relique qui ne lui ressemble pas. J’ai fini par la déposer sur les braises du feu. Le coton s’est enflammé. Ca duré un instant.