J’ai terminé quelques petits papiers pour Le Pèlerin. Failli laisser passer l’heure de mon rendez-vous avec Claudine. Elle m’attendait dans un restaurant installé au-dessus du cinéma du Panthéon, rue Victor-Cousin. Ambiance gentiment branchée. Quinoa, jambon de Parme et caviar d’aubergine. Combien de temps déjà ? La dernière fois dont je me souvienne, c’était un dîner chez elle, dans le XIIIe. Nous y avions vu sa fille Léa, et Gilles aussi. Léa a eu le temps de faire un stage en Argentine pour ses études d’architecture et d’en revenir. Gilles qui venait d’être licencié du Point, commence à voir approcher la fin de ses indemnités chômage… C’est vrai que ça fait un moment. Tu devrais me passer un coup de fil quand tu viens travailler à la BNF. Je n’ai pas renouvellé ma carte en 2009. Je m’étais dit que j’avais le temps et puis, chez Buchet, ils ont pris cette décision d’arrêter ma collection. Sur qui entreprendrais-je de nouvelles recherches ? J’ai traîné dans le quartier de la Sorbonne. Je devais retrouver René, mon parrain, au Rostand. René a eu quatre-vingt-ans le jour de Noël. Il a quitté Uzès la semaine dernière pour une petite tournée familiale et loge chez sa fille, ma cousine Cécile, à Alfortville ou Maisons-Alfort (je ne sais jamais) dans le Val-de-Marne. Il est arrivé flanqué de son petit-fils que j’avais juste entraperçu, gamin, à l’enterrement de ma tante Poulouche à Beauvais. C’est un jeune homme de vingt ans assez étrange, qui n’a desserré les lèvres que pour dire qu’il voulait faire des études de barman. René a formé le projet de l’emmener avec lui à Roubaix dans les jours qui viennent. Une visite à Henri, un tour au cimetière… L’autre a continué à se taire. A côté de lui, nous avons passé une longue heure à brasser des souvenirs contradictoires. Nous ne nous rappelons ni des mêmes événements, ni des mêmes gens. Je suis sorti de là un peu vague. Traversé le Luxembourg. Je me suis installé au Sauvignon pour lire. Amélie m’a rejoint. Nous sommes allés dîner chez Moissonnier...