J’ai fini mon travail sur l’appareil critique des Œuvres complètes de Bruno Durocher. J’ai appelé Nicole. Nous avons un petit souci avec Anne Mounic qui a rédigé la post-face pour le volume de poésie. Elle n’entend pas du tout que l’on touche à son texte et il est beaucoup, beaucoup trop long… Je vais laisser passer quelques semaines. Il sera toujours temps d’en reparler. Cette direction d’ouvrage est compliquée. Nicole m’en a chargé mais je n’en ai pas pour autant la pleine maîtrise. Beaucoup d’enjeux affectifs interviennent dans la génèse, déjà ancienne, de ce projet. Et pour autant, ici, que ces coupes me paraissent nécessaires, je ne me sens pas de blesser des susceptibilités. Temps gris. Ciel bas. Le froid est revenu. De la fenêtre du bureau, j’ai regardé les mésanges picorer dans leur nouvelle mangeoire accrochée au figuier. Appelé Kim Thúy à Montréal pour le portrait que je dois rendre dans quelques jours au Pèlerin. Il neige à gros flocons là-bas. Vingt bons centimètres dans les rues. J’ai pensé à Jean-Pierre à qui je n’ai pas donné de nouvelles depuis des années. Je pense à lui souvent. Davantage en ce moment où mon livre se met en place, si lentement. Les années de Senlis me reviennent éparses. Je ne dois pas me tromper entre l’effort de mémoire et la fidélité au sentiment. J’ai été dire bonsoir à Georgette avant d’aller chercher Amélie à Granville. Elle avait pu s’arranger pour arriver un jour plus tôt. A la gare, c’était la cohue. Pas une seule place pour garer la voiture. Les voyageurs sortant du train bondé. Les gens qui attendaient. J’ai couru. Et je l’ai vue, au bout du quai, avec son long manteau et sa capeline noire. Belle. Tu dois être fatiguée…