Jérôme sortait d'un nouvel entretien d'embauche. Nous l'avons rejoint pour (mal) déjeuner dans un bistrot du boulevard Raspail. Je l'ai trouvé confiant, assez détendu. Il a l'air de croire en son étoile. C'est bien. Il va y arriver... J'en suis sûr. Amélie et lui sont partis faire une course dans le quartier. Moi, je retrouvais Wendy Guerra chez Stock à propos de son roman de rentrée Mère Cuba. Une suite, si l'on veut, à Tout le monde s'en va, où la fiction envahit la réalité, intime, personnelle, politique..., jusqu'au point où l'indiscernable devient évidence et réalité. Un incontestable tour de force du mélange des genres et des expressions narratives. Le journal, les courriers, les dialogues rapportés. Marianne, sa traductrice, faisait l'interprète. Karine est venue l'avertir que son taxi l'attendait pour un autre rendez-vous. Nous avions passé presque une heure et demie ensemble. Je n'avais pas vu le temps filer. J'ai salué Jean-Marc, dit au revoir à Solveig, à Vanessa, à Karine. En descendant le boulevard, j'ai été dire bonjour à Dany aux Belles Lettres. Elle se fait des soucis pour Lou, sa fille. Des problèmes de croissance. La voilà maintenant entre les mains des médecins spécialistes. Consultations à l'hôpital, propositions de traitements. On lui demande de choisir. De décider. Elle est désemparée, mais elle fait face avec un insolent courage et une belle nature. Lou, je ne l'ai jamais vue qu'en photo, mais je la connais depuis sa naissance. Dany m’en a toujours parlé. A chaque fois qu’on se voit, on se donne des nouvelles des enfants. Ma fille, elle, a bien grandi… Plus un mot. Je lui ai fait la promesse que je ne parlerai pas d’elle. Amélie m'attendait rue de Rennes. Nous sommes allés prendre un verre au Sauvignon avant le dîner chez Joëlle et Bernard dans le quartier de La Chapelle. Tous les ans, Amélie et Joëlle « fêtent » l’anniversaire de leur démission de chez Grasset en 1998. Bernard avait préparé un gigantesque repas. Des charcuteries italiennes à profusion, des canellonis, du poulet… Le dîner a été très gai. Il y avait là Anne-Gaëlle et Laurent, Christine… Marianne qui se débat toujours avec ses lectures de manuscrits et son travail d’éditeur misérablement payés, mais qui reste rayonnante et enthousiaste. Judith qui racontait comment elle avait dû fuir son appartement envahi par les souris et à qui chacun prodiguait d’évidents et inutiles conseils (un chat, un appareil à ultras-sons, des pièges, des appâts empoisonnés...). Nous nous sommes quittés tard. Et encore… On serait bien restés un peu.