J'ai déjeuné avec François Broche chez Fernand, rue Guisarde. Je l'avais contacté au moment de l'édition d'Escales en Méditerranée d'Henri de Régnier en 2007, car il avait édité ses Cahiers. Un formidable travail d'érudit et de lecteur sensible. Il m'avait donné des conseils, débrouillé un peu la chronologie. Je voulais lui confier la préface des Innocentes mais pour tout un tas de raisons « diplomatiques » avec certains membres du Cercle Anna de Noailles, j'ai dû y renoncer. Je souhaitais aussi, et surtout, le rencontrer car car j'avais compris à ce moment-là qu'il était le fils d'un compagnon d'armes de mon père, le lieutenant-colonel Félix Broche, tué à Bir-Hakeim le 9 juin 1942. Papa gardait le souvenir d'une amitié profonde, enracinée dans l'engagement et les grands élans d'espoir de l'époque. Cette amitié était devenue mythique depuis sa mort au combat. Je connais mal l'histoire du bataillon du Pacifique. Je connais mal la vie de mon père en Nouvelle-Calédonie et dans les îles. Je connais mal la vie de mon père, tout simplement... Avoir fait la connaissance de François Broche tient encore de ces hasards, tellement nécessaires, qui jalonnent, qui balisent mes années. Nous avons parlé littérature, projets d'édition. Evoqué juste un instant nos deux pères. Je suis certain que nous y reviendrons. J'ai fini la journée chez Buchet à travailler aux Innocentes. Josyane doit me donner bientôt sa réponse pour l'avant-propos. J'ai vraiment l'espoir que ce texte la touche. J'ai retrouvé Amélie au Sauvignon. Nous avions rendez-vous avec Mathias. Nous sommes restés en terrasse dans le semi fredo du printemps. Quelques verres de quincy. Miriam qui remontait la rue de Sèvres s'est jointe à nous. Petite litanie des lectures et des publications. C'était si interminablement plaisant que Mathias en a laissé filer l'heure du dîner où il était invité.