Le temps s’est gâté passé L’Aigle. Les gros nuages noirs qui accompagnaient le train ont fini par crever sur le bocage. Sur les vitres, avec la vitesse, les goutellettes faisaient une course de petits serpents transparents. Se poursuivant, s’avalant, grossissant jusqu’à disparaître. A Granville, il tombait un crachin portuaire et trempé. La voiture n’a pas démarré. Plus de batterie. Les gens de chez Avis m’ont dépanné. J’ai pu ainsi aller jusqu’au garage pour la faire remplacer. J’avais perdu ma matinée. A la maison, la peintre passait une dernière couche à la porte du garage. En quelques semaines, comme tout a changé... Le couvreur a terminé le toit du garage, le parquet est posé dans la nouvelle chambre, les étagères fixées. Le ferronnier a même embarqué les portes de serre pour les décaper. Au jardin, M. Mitaillé a taillé les haies, tondu la pelouse, installé un arceau pour la glycine, étalé partout au sol du sable de granit. Les narcisses sont en fleurs. La plate-bande est toute blanche. Quelle pitié qu’il pleuve. Je suis allé voir Georgette. Elle m’attendait. Quinze jours que nous n’étions pas venus. Comme elle me donnait des nouvelles des uns et des autres, elle a pris brusquement un air grave. Il faut que je te dise… La dernière pousse de l’impatiens ramenée du Mexique en 2007 est très mal en point. De minuscules insectes ont colonisé les feuilles qui grisent et se désèchent. J’ai mis du produit, mais je crois que c’était trop tard. La plante n’a pas très belle allure en effet. Elle l’a installée dans sa chambre, à mi-ombre. Je la soigne, dit-elle. Il faut garder espoir. Quelques courses. Je me suis dépéché de rentrer. J’attendais un journaliste de Tendance Ouest, une station de radio locale, qui devait m’interviewer. Nous avons passé un long moment ensemble. Après l’enregistrement, nous avons bavardé. Jean-luc Lefrançois a, comme il dit, une autre casquette. Il est prêtre à Donville... J’ai rangé, trié interminablement les vieux papiers. La pluie avait cessé. Parfum de terre mouillée. J’ai ouvert les huîtres achetées chez Charuel et j’ai été chercher Amélie à la gare.