J'avais voulu me lever tôt pour préparer ma rencontre à la villa Gillet. A peine pris un café. Je retourne travailler... Le thème ? « Autobiographie de mon frère », avec Frédéric Ferney et Daniel Arsand. Une affaire de correspondances, d'affinités littéraires et d'époque. Frédéric avait choisi de parler d'Oscar Wilde sur lequel il avait fait paraître un livre illustré chez Mengès. Daniel défendait son Klaus Mann qui l'accompagne depuis longtemps et dont il est tout récemment l'éditeur chez Phébus pour un recueil d'essais : Contre la barbarie. Arlette Farge aussi devait y participer, mais elle avait eu un empêchement. Dommage. Ca aurait été une belle occasion de la rencontrer. J'aurais vraiment aimé. Je l'avais découverte avec Le goût de l'archive sorti en 1989 au Seuil. J'étais encore à l'époque en plein dans mes recherches sur Jean-François de La Harpe. Département des manuscrits de le BN. Bibliothèque de l'Arsenal. Cet essai sensible disait tout cet étrange qui m'était familier d'arracher à l'oubli des moments de vies consignés dans les registres, enfoui dans les liasses. Je lui avais écrit tant je m'étais senti en proximité. Elle aurait dû évoquer Jean-Honoré Fragonard, XVIIIe oblige. Tout cela s'annonçait un peu compliqué et disparate. J'ai noté pas mal de questions. On verrait bien. Nous avons déjeuné rapidement. Dit au revoir à Emmanuel. Avec lui, il me reste comme un tampon ouaté d'excessive pudeur. Il faudrait que je lui écrive, mais je ne trouve jamais le temps. Claire nous a emmenés à Cannes. Mon train pour Lyon partait un peu avant 14h00. Celui d'Amélie, pour Paris, quelques heures après. Je me suis retrouvé dans le wagon, à une place à gauche contre la vitre. Personne à côté de moi. L'Estérel était gris. Mon voisin de derrière a baissé le store. Plus rien à voir. J'ai préparé mes fiches pour le soir.