Ciel bleu et froid de glace. Je suis allé chercher des croissants. Je m'étais réveillé un peu terne. Le passage au dehors a tout revigoré. C'était Saint-Valentin. Une jeune fille au carrefour Commerce distribuait les prospectus des offres spéciales d'un magasin de lingerie. J'ai trouvé une botte de phlox blancs chez le fleuriste chinois de la rue Frémicourt. Je m'y étais pris trop tard pour passer une annonce dans le cahier spécial de Libération. Nous étions invités par Gilles à découvrir son banc d'huîtres de La Marlotte, rue du Cherche-Midi. Je vais finir par me faire à nouveau à l'endroit et mettre de côté tout son passé de palais de Dame Tartine. Les huîtres étaient superbes, le menetou parfait et Gilles charmant. Pas traîné cependant. Nous avions aujourd'hui un repas de famille. Jean-Pie, mon cousin (le fils d'Armand, frère de mon grand-père Joseph) et sa femme Brigitte nous recevaient chez eux près des Arts et Métiers. Il y avait aussi leur fils Jean-Baptiste qui a je ne sais jamais quel poste à l'université de Poitiers. Jean-Pie était éditeur au Seuil, Brigitte enseignait la philosophie. Je les avais rencontrés pour la première fois au moment de la sortie du 16 rue d'Avelghem. Le livre remuait alors quelques vieilles histoires. Nous avions déjeuné très plaisamment ensemble. Ne nous étions pas revus depuis. Leur appartement est au dernier étage d'un immeuble Eiffel, traversé d'un hallucinant escalier à volées multiples. Leurs fenêtres donnent sur les toits et le clocher de Saint-Nicolas-des-Champs. Nous avons passé un moment lent et agréable. Réapprentissage des nouvelles et de la relation. Au dessert, nous avons regardé de vieilles photos. Cherché des noms. Parlé de tirages à refaire... Nous sommes restés dans le quartier l'après-midi. Flâné longtemps vers Beaubourg et Saint-Eustache. Amélie voulait voir des laines à La Droguerie, pour un pull que Noëlle avait promis de lui tricoter. J'ai acheté un gros sac de terreau pour les semis potagers à faire à Paris. Nous sommes allés retrouver Mercedes qui signait son livre, elle aussi, chez Colette. Après la fermeture du magasin, comme la veille, ou presque, nous sommes partis avec la libraire dîner rue Vieille-du Temple, chez Anne, une amie de Mercedes. Je traînais mon terreau. Nous avons bu du champagne. Dans l'appartement trônait un énorme chartreux qui se pavanait d'aisance