Amélie, Jérôme et Marion ont insisté pour regarder la rediffusion du dimanche matin de La grande librairie sur France 5. J’ai essayé d’esquiver un peu. Mais difficile de se rater sur l’écran. Tu étais bien, non ? Mon image, mes gestes, mes mots. Pas certain. Hum, vraiment pas. Mais à quoi bon se défendre. L’important est ce qu’en voient les autres. Et je les crois. D’ailleurs cela tisse un étrange réseau. Après l’émission d’Alain Veinstein, quelqu’un m’a envoyé un message de Chine. J’ai eu un mot aussi d’un ancien condisciple de Senlis. Et d’autres encore. Ca me touche bien plus que je ne m’en dérobe. Je vais répondre. Bientôt.... Nous avons pris la voiture pour aller à Genêts. Je voulais montrer le Mont-Saint-Michel à Marion. Ce si près-si lointain qu’on lui découvre depuis le bec d’Andaine. Nous avons marché un peu en baie. Le luisant, les rivières. Le sable fin ridé, les bordures grises de la tangue et cette immensité. C’est mon paysage, j’y suis bien. J’ai raconté comment la mer gonfle les cours d'eau jusqu'à les déborder. Le danger de la brume. Les pêcheuses de coques englouties sous Tombelaine. Mon père aimait aussi faire le guide. Regardez, regardez disait-il en montrant le lointain, du sentier des douaniers qui borde la falaise. Affaire d'horizon et d'amers remarquables. Nous avons déjeuné tard. Gigot de pré-salé un rien avant saison. Jérôme et Marion ont pris le train du soir. Ca ne vous embête pas de dire au-revoir à Georgette ? Déjà ?, leur a-t-elle fait, dans ce serrement de coeur des petites visites. A la maison, nous nous sommes retrouvés dans un drôle de silence.