J’ai rabattu les fuschias. Mis en tas les branchages. Passé l'inspection des rosiers. Les Albéric Barbier d'il y a quinze jours ont l'air de se plaire. Les tiges commencent à s'effleurer de minuscules boutons roses. Le problème se situe d'ailleurs là. Après juste quelques jours de froid vif, une grande vague tiède s'est installée comme une folie douce. Tout se croit au début du printemps. Les narcisses, les iris, les rhododendrons. Il ne leur faudrait pas grand chose... Au Placin, il y a même un camélia rose entièrement fleuri. Si la gelée vient, ce sera la catastrophe. Voilà que j'espère le retour d'un froid lent.

J'ai occupé l'après-midi à fouiller dans les vieilles photos. Celles récupérées chez ma grand-mère à Roubaix. Celles des boîtes de mon père aussi. Il en a annoté quelques unes au dos. Mon trisaïeul. Ma tante. Mon cousin Max... Je ne fais pas le lien. Je ne connais pas sa généalogie, sa parentèle, ses fratries. Mais j'ai déniché des cadres et j'ai habillé tout un pan de mur de l'entrée avec une bonne trentaine de ces portraits. Les versants paternel et maternel mêlés. J'ai dit les prénoms à haute voix. Angèle, Joseph, François, Jeanne, Blanche, Marie, Emile, Fernande, Louis, André, Clémence, Agnès. Ce sont des enfants, de très jeunes filles, des hommes dans la force de l'âge, des vieillards fatigués. Ils sont ma famille. Et mon éternité fragile. Nous sommes passés dire revoir à Georgette. Elle était en plein bavardage avec Mlle Verdé. Nous la dérangions un peu. Bon Noël, bon Noël. Elle va être seule cette année le soir du 24. Ca m'est égal, je vous assure. On se revoit dans une semaine. Déchirant imperceptible. Si Dieu le veut, bien sûr. Nous avons dîné avec Fabien. Lui ira chez Emmanuelle et Dominique à Agon. Et peut-être viendront-ils à Carolles avec Iris et Mika aux premiers jours de l'année.