Deux ans ou plus que nous n’avions pas revu Maureen et Thibaud. La dernière fois, c’était à Roubaix, dans cette grande brasserie de la place de la Liberté, L'impératrice Eugénie. Nous avions mangé des croquettes, du potchevlech. J’avais montré la ville à Amélie. Drôle de balade. La rue d’Avelghem, la tombe de mes grands-parents au cimetière, le canal, l'abattoir, la Grande-rue. J’avais du mal à reconnaître. Il fallait tout réinventer. Déjà, quand j’y étais venu pour des signatures en librairie, l’itinéraire était difficile. Maureen et Thibaud sont de là-bas. Ca avait facilité cette première rencontre. Maureen est une amie d’Amélie. Elles se sont connues à Abidjan au collège et ne se sont jamais perdues de vue. C'est une de ces amitiés adolescentes que j’ai égarées, moi, faute de les cultiver dans la peur de ne plus (ou, au contraire, de trop) s'y reconnaître. Elle a maintenant trois enfants. J’avais juste vu les deux derniers à l'époque. Raphaëlle était une minuscule petite fille qui pleurait dans sa poussette. Gustave, un coquin de trois ans dévorant ses frites avec de la mayonnaise. Nous avons passé la journée avec eux en Touraine. Maureen est venue nous chercher à la gare de Saint-Pierre-des-Corps en fin de matinée. Ils habitent dans une des dépendances d'une ferme isolée, près d'un étang à Souvigné, pas très loin de Château-la-Vallière. Ciel bas et pluie fine. Après déjeuner, nous sommes restés à l'intérieur à faire des jeux de société avec les enfants. Amélie s'est embarquée dans plusieurs parties de Scrabble avec Gabrielle, l'aînée, pas encore quatorze ans. Déclinaison du calme. A la première éclaircie, nous sommes allés faire une promenade en forêt. Cent mètres de chemin jusqu'à l'orée. Nous avons marché un long moment dans les allées cavalières recouvertes des feuilles des chênes et des châtaigniers. Il faisait hiver. Nous sommes rentrés à chien-loup. Une tasse de thé près de la cheminée avant de repartir à Paris. Tout cela était très simple, très clos, très douillet. Si bien.