J'ai entrepris ce soir, avant de les accrocher de nouveau aux murs du couloir, de nettoyer les boîtes d'insectes. Les miennes, celles que Julie m'a laissées en souvenir après la mort de Brigitte, celles qu'on nous a offertes, celles que nous avons achetées au hasard de brocantes. Il y avait tout un lot que nous avions trouvé l'an dernier chez Walter, l'antiquaire de Carolles. Fouillis d'épinglages exotiques aux ailes détachées, usées et transparentes. L'intérieur des coffrets était empli d'une fine poussière noire. Thorax desséchés. Antennes éparses. Le carton était encore imprégné d'essence de Mirbanne. Il y avait là de magnifiques specimens. Des papillons d'Afrique... Je les ai enlevés un à un. Posés délicatement sur les étaloirs. Mis à part dans une petite boîte, ceux qui étaient décidément trop abîmés et replacé les autres sur des planches refaites. J'ai déchiffré surtout les petites étiquettes. Meriones, Oribazus, Leonidas, Demodocus... Les dates des captures s'échelonnaient de 1901 à 1905. Sénégal, Congo belge, Madagascar. Qui était-il ce fou de lépidoptères? Que faisait-il là-bas? Je vais demander à Walter chez qui il a récupéré la collection.

J'ai rangé pour finir, presque intacte, une série d'Urania aux couleurs toujours éclatantes : orange, vert et bleu métalliques. Ce sont les plus beaux. Virginie viendra de l'Île-de-Ré, samedi, avec les trois petites. Elles dormiront deux nuits à la maison.