J’ai eu Marie longuement au téléphone. Intarissable. Elle est en ce moment débordée d’activités, de projets. Elle balade dans Paris des groupes d’adolescents étrangers pour le compte d’une fondation. Elle continue son travail de documentaliste dans un lycée. Et cherche un appartement aussi. Je la sens dans un mélange de fébrilité heureuse et d’excitante inquiétude. Elle me demande de ne plus lui verser d’argent tous les mois, de cesser de payer son téléphone portable. Encore une étape. Une saison j’allais dire. Son printemps continue. De jour en jour, il change. Je la revois toute petite sur le chemin de l’école quand elle voulait que je lui lâche la main pour finir toute seule les derniers cinquante mètres qui lui restaient à faire. On se dit au revoir là. D’accord ? Elle filait, le cœur gonflé de liberté. Aujourd’hui, elle prend des nouvelles. Y-a-t-il déjà des figues au jardin ? Du soleil ? Du monde à la plage ? Je crois qu’elle a envie de vacances avant son boulot en septembre. Son boulot : le vrai. Le premier...

J’ai récuré la bassine en cuivre qu’elle m’avait offert pour un de mes anniversaires. J’y ai fait la confiture avec le cassis des Fontenelles. Nous l’avons mise en pots. Cinq tout juste. Il restait à peine deux cuillères. Une pour Amélie. Une pour moi.