Diane quitte Buchet. Quand elle me l’a annoncé, j’ai dû faire un effort pour répondre quelque chose. Enfin, de lui dire un mot tourné vers l’avenir, un élan d’enthousiasme pour son choix. Je me suis senti terriblement égoïste dans mes balbutiements de bonne chance. Encore une étape… Elle a été cinq ans « mon » attachée de presse. Diane m’a été tellement importante dans mes atermoiements d’auteur en quête de reconnaissance. Discrète et sensible, elle avait si bien compris, que même si l’on s’en défend, on écrit pour être aimé. L’après-midi, j’ai avancé dans la chronologie un peu touffue du prochain volume de « Domaine public ». Je suis en retard par rapport aux échéances que je me suis fixées. Il me manque toujours l’avant-propos et je n’ai pas fini de revoir la préface. Un verre rapide rue de Buci avec Marie-Sophie et Delphine. Nous allons enfin pouvoir dîner un prochain soir ensemble.

Le soir, nous étions invités chez Géraldine et Vincent, boulevard Saint-Michel. La soirée à glissé jusque tard. Nous avons parlé du Liban avec Charif Madjalani. Il est en France pour ses programmes d’échange universitaires. Il est invité aussi au festival de Saint-Malo. A Beyrouth, les voies d’accès à l’aéroport sont bloquées par les milices chiites. Il a pu tout juste partir. Il ne sait pas comment il va rentrer. Singulier quotidien des parenthèses. Peu de mots sur tout cela. Il en plaisante. Il a deux enfants. Quel permanent courage d’évidence… Nous avons aussi fait à rebours avec Marie Lagouanelle un bout de l’histoire des éditions du Seuil. Longuement parlé de Jean Cayrol. J’aurai bientôt terminé son anthologie poétique pour « Points ». Alexandre, le fils de Géraldine et Vincent passait entre nous comme un petit trublion énervé. Il a quatre ans et demi et récite Du Bellay. Heureux qui comme Ulysse a fait un bon voyage… A minuit, il s’est écroulé assommé de sommeil et de conversations d’adultes. J’ai eu mon coup de barre une heure plus tard, au milieu du bavarois à la framboise. Moi aussi j’avais besoin d’aller me coucher.