Je file chercher Amélie à la gare de Granville. Son train arrive dans une grosse demie-heure. J’étais parti de Paris en début d’après-midi. Tout était bondé à cause des congés scolaires. Il y avait des enfants qui cavalaient d’un wagon à l’autre en poussant des cris. Les parents beuglaient après leur progéniture. Le contrôleur était aimable comme un dogue. J’ai essayé vainement d’écrire mon papier sur L'hiver indien de Frédéric Roux pour Le Pèlerin. Rien à faire. Je dois rendre impérativement ce week-end trois textes, dont celui-ci, à Catherine Lalanne. Je devais tout lui remettre ce matin, mais j’ai passé la journée d'hier à dérouler dans ma tête les scénarios les plus catastrophiques pour Le Monde. Le bruit court même que certains envisagent de supprimer le supplément livres. Il faut que je me calme. De toute façon, je n’y peux pas grand-chose. Catherine a été compréhensive. Je vais essayer de ne pas la décevoir. Etrange expérience que d’écrire pour ce magazine, d’ailleurs. Ca va fouiller bien loin aussi. A chaque fois, je pense à la sœur Thérèse du couvent de la rue de Gand à Lille. Là où était ma tante Agnès, sœur Raymonde en religion… A l’enterrement de ma tante, l’été dernier, elle m’avait pris à part pour me dire Vous savez, on vous lit dans la communauté…