Dîner rue Jean-Jacques-Rousseau chez Agnès et Laurent. On est arrivés trop tard pour les enfants. La petite avait gardé jusqu’à la dernière minute ses ballerines roses aux pieds. Elle a fini par s’endormir avec. Je voulais avoir avec Laurent une longue discussion, sérieuse, sur un projet de traduction. J’aimerais bien rééditer Jerôme K. Jerôme dans une version française digne de ce nom. Dépoussiérée, vivante. Débarrassée de cette distance de pseudo chic anglais d’avant André Maurois. Chez Phébus, Hélène Amalric a l’air intéressée. Reste à ordonner les titres. A trouver aussi en Angleterre une biographie de J.K.J.. Ce n’est pas gagné. Qui le connaît ici ? Trois hommes dans un bateau n’est plus pour certains qu’une antiquité de classe de cinquième de la fin des années soixante. Pourtant, c’est si drôle, si prenant. Et ça vous fait d’étranges pincements. J’en sais des passages entiers par cœur. Cette phrase du début, de mémoire : Nous étions quatre : George, Harris, moi-même, et Montmorency. Assis dans ma chambre, nous fumions, nous disant que nous étions décidément bien lamentables. Nous nous sentions tous vraiment mal en point et cet état nous inquiétait. J’ai juste effleuré le sujet avec Laurent. Il serait partant. Mais nous n’avons pas été beaucoup au-delà. Je manque d’arguments concrets.

Amélie avait apporté pour le dessert des petits gâteaux de chez Ladurée. Nous nous sommes tous extasiés. N’empêche, c’était sans intérêt. Juste en couleur et seulement sucré. J’étais venu avec mon Eugène Dabit : Train de vies, le dernier volume paru dans ma collection "Domaine Public ". Il sort en librairie le 24. Le livre avait été livré aujourd’hui chez Buchet. J’ai a passé tout l’après-midi à signer des cartes pour les envois du service de presse. Il faut que ce titre marche. Le C.N.L. n’a pas donné un sou de subvention cette fois-ci. J’y crois. Je croise les doigts. Demain, je vais m'efforcer de trouver un moment pour aller au Père-Lachaise, avec le volume, sur la tombe de Dabit. Il faut bien lui montrer, non?