Avec des poèmes élagués comme des béquilles, traverser d’un bout à l’autre le terrain vague encombré d’horloges fortifiées, de cloison mentales, d’esquilles d’âge, de regards croulants, pour déboucher hors de soi, tel un somnambule vigilant, en plein cœur de lacunes. Lacunes, c’est le titre du recueil que Paul Valet publie au Mercure en 1960 et qui commence ainsi. J’ai remis la main dessus tout à l’heure. Il n’y a pas de hasard. Lacunes. Je ne fais plus rien. Je ne tiens pas mon journal, je n’écris pas mon livre, j’ai laissé tout mon courrier à l’abandon : je ne réponds plus. Lacuna, le trou. Je suis tombé dedans. Je suis au fond du puits de mélasse dont parle le Loir dans Alice avant que le Chapelier et le Lièvre de Mars n’essayent de le noyer dans la théière.