Marie avait réservé dans un restaurant du boulevard Haussmann. Chaque fois que je viens à Paris, j’essaie que nous déjeunions ensemble. Je passe la chercher à sa galerie, rue de Téhéran et nous trouvons une table quelque part dans le quartier. Elle n’a pas beaucoup de temps. On fait vite le tour des nouvelles. Son travail, ses amis dont je ne sais rien ou pas grand chose. Cet été, elle part en Alaska. Après le Groënland, la Mongolie. Tous ces endroits où j’avais envie d’aller et où elle se rend, va savoir, à ma place. Je voulais voir l’Antarctique, remonter les fjords de Norvège avec l’express côtier. Aujourd’hui, je ne suis plus certain d'en avoir encore envie. C’est peut-être mieux qu’elle pense, un peu, à moi dans ces lointains où je ne partirai pas. J’avais rendez-vous en fin d’après-midi chez Pierre Gilloire. Il a déposé son manuscrit à l’accueil chez Grasset. Dans sa lettre d’accompagnement, il parle de moi. Comment lui dire que je n’ai vraiment aucune influence dans la maison. J’essaierai quand même d’y suivre son texte à la trace. Et puis, je lui ai promis, je ferai tout ce que je pourrai pour qu’il soit publié. Quelque part. Il m’a montré sa collection de sables, de cailloux. Ses galets sur lesquels il a écrit des poèmes.