J’ai reçu plusieurs messages de Pierre Gilloire depuis fin février. Il me demande de l’aider pour la publication de son dernier manuscrit Eloge de l’impalpable. Un texte d’une délicatesse extrême où il évoque les sables, les cendres, les neiges, les brumes, le vent, le silence. C’est sans cesse effleuré d’émotion. Ca hérisse doucement. J’avais fait un papier il y a très longtemps sur son Cahier du bord de l’eau paru en 2003 chez Buchet. Chez lui, la montagne, le désert, les rues, les villes, tous les paysages, font corps avec le récit. Il écrit chemin faisant. Aujourd’hui il m’adresse une copie définitive, chaque mot poli comme un galet. Je sais à quel point cette publication est importante pour lui. Il a quatre-vingt-huit ans et me parle du poids des ans. Je suis embêté. Je crois qu’il me prête un entregent dans l’édition que je n’ai pas vraiment. Mais je ferai ce que je pourrai. Nous sommes voisins. Je n’ai que la rue Boulard à traverser pour aller lui rendre visite. Ce que je ferai une prochaine fois que je viendrai à Paris. Il a neigé un peu. Et tout a fondu au soleil en moins d’une heure. Amélie est arrivée par le train du soir. J’avais préparé un tartare de dorade grise.