André Dukiel est mort aujourd’hui. Heureusement entouré de toute sa famille proche, frères et sœurs, neveux et nièces. Je suis doucement triste. Si sûr que son âme, libre, est maintenant avec Dieu. Mais ce nouveau deuil me ramène aussi une foule de deuils anciens. Alors, je prie comme je peux. Quand nous nous étions vus il y a deux ans pour la fête des vingts ans de mariage de Virginie et Marcus à Menthon-Saint-Bernard où il avait célébré la messe anniversaire, je lui avais raconté la perplexité où m’avait laissé la pénitence qu’un prêtre m’avait donné à l’issue d’une confession à Saint-Augustin. En sortant, accomplissez un geste de charité. Je m’étais dit sur le moment que je n’allais pas me débarrasser de ce travail d’expiation en donnant quelques euros au mendiant installé aux marches de l’église. Certes. Cependant, quoi faire ? Mes attentions, mes actes de générosité ordinaires, étaient-ils de la charité ? Je m’étais débattu très longtemps avec ces questions sans trouver la moindre réponse. André, ce jour-là, m’avait aidé à comprendre. Nous avions évoqué la conversion de Charles de Foucauld, à Saint-Augustin justement, lors de sa confession à l’abbé Huvelin. Puis celle de Paul Claudel, le jour de Noël à Notre-Dame. C’est dans ce souvenir que je suis allé rechercher ces quelques vers d’un poème de son Corona benignitatis anni dei. Tant qu’il fait jour encore et que ce n’est pas la nuit,/J’entends mon âme en moi comme un petit oiseau qui se réjouit,/ Toute seule et prête à partir, comme une hirondelle jubilante !