Je ne suis finalement pas parti à Paris. Je peine tellement à poser le pied par terre que le voyage en train, le trajet de la gare à l’appartement, sans parler des rendez-vous du lendemain, étaient impossibles. J’ai appelé Bruno Genevray pour décommander la consulation de mercredi. Il va m’envoyer une ordonnance. Je sais, ça va passer. On se verra l’an prochain. Amélie a donc pris seule le train de 15h00 et quelques. Elle m’a téléphoné en arrivant rue Danville. Le paillasson était encombré de toute une masse de livres pour moi. Demain nous ferons le tri de ceux qu’elle rapportera ici. Le poisson rouge est mort. Le « reconfinement » lui a été fatal. Pas même eu le temps de lui donner un nom à celui-là. Nous n’avons pas de chance avec nos carassins. C’est une vraie hécatombe, en fait. On ne compte plus, au fil des années, ceux que nous avons retrouvés, flottant le ventre en l’air dans leur aquarium (nous nous sommes débarrassés de celui de Carolles), ou dans les tonneaux de récupération d’eau. J’ai fini par conserver chacun de leurs petits cadavres dans le formol. Ils reposent maintenant tous ensemble dans leur dernier bocal que j’ai installé sur une étagère, parmi ma ménagerie silencieuse du couloir.