Une masse de courrier en retard. J’ai écrit à mes oncles René et Georges. Quatre-vingt-dix et quatre-vingt-neuf ans. Ils sont les derniers de la grande fratrie. Je leur ai demandé d’essayer de rassembler leurs souvenirs sur Chassignolles. Pas les leurs directement, ils sont nés bien après la fin de la Grande Guerre, mais je suis certain qu’ils en ont beaucoup, beaucoup, entendu parler. Dans la famille, le village de naissance de ma mère était en effet devenu un lieu quasi légendaire. Et un vrai lointain aussi, car ses treize frères et sœurs ont tous vu le jour à Roubaix. Sans compter qu’il s’agit du seul vrai voyage de ma grand-mère Angèle. J’espère qu’ils pourront me rapporter des riens, des bouts de phrases, des morceaux d’anecdotes. Des impressions. J’aimerais aussi qu’ils puissent retrouver un peu de ce que l’on disait de leurs grands-parents maternels, d’Houplines. De leur tante Clémence, de leur cousine Suzanne. De la guerre en général et de leurs oncles morts au combat. De leur demi-soeur Jeanne décédée en 1913. Car, c’est décidé, tout cela sera la trame de mon prochain livre.