J’ai reçu un message de Michel. Nous étions ensemble à l’école de service social de la rue de Chaligny à la fin des années 1970. Seuls garçons dans une promotion d’une trentaine de filles. Ah si, il y en avait un autre, Pierre. J’ai oublié son nom de famille. Il est mort pendant nos études. Une tumeur au cerveau, enfin une cochonnerie comme ça. J’aimais bien Michel. En dehors de notre solidarité de genre, comme on dirait aujourd’hui, nous avions en commun des origines normandes et partagions le goût de la bonne chère. Et puis, nous étions tous deux, je crois, assez contemplatifs. Rêveurs si l’on veut. Nous nous sommes fréquentés pendant quelques années à Paris. Il habitait, avec Anne son épouse et leur fils Julien, qui doit avoir le même âge que Marie, un appartement HLM dans le XXe près du boulevard périphérique où il attendait de fuir en province. Ce qu’il a finalement fait. Nous nous étions perdus de vue depuis longtemps quand je les avais croisés par hasard un été à Granville (les parents d’Anne habitaient Donville). J’avais su alors qu’ils s’étaient installés dans le Sud-Ouest. Avions-nous échangé nos adresses ? Je ne sais plus. Nous ne nous sommes en tout cas pas donné de nouvelles jusqu’à ce message. Michel a lu mon livre. En mai, Anne et lui prennent le ferry à Cherbourg pour un voyage de deux mois en Ecosse. S’il passait par Carolles ? Je vais lui répondre que la maison leur est grand ouverte.