J’ai déjeuné avec Luc à la Forquetta. On s’était croisés par hasard rue Boissonnade la semaine dernière. Il y habite maintenant. Cinq ans, au moins qu’on ne s’était pas vus. Depuis sa séparation d’avec sa femme il vit toujours seul. C’est comme ça, me dit-il en souriant. Il n’a pas changé, avec cette manière de faire bon cœur quelle que soit la fortune. Mais en vrai, il ne va pas fort. Il a quitté Point de Vue où je l’ai connu et où il a fait toute sa carrière de photographe. Il a demandé la clause de cession. Un drôle coup de tête sur le tard. Incompatibilité d’humeur ? Je n’ai pas tout compris. Résultat, il se trouve privé de la plus grande partie de ses revenus, n’a pas le droit au chômage puisqu’il a atteint l’âge de demander sa retraite et parle (il a fait ses calculs) de s’installer en banlieue. Je ne lui ai rien dit de ma Bérézina financière. Il m’a donné des nouvelles des uns et des autres. Enfin de quelques uns. A part lui, je n’ai revu personne depuis mon licenciement de 2004. Sans que je sache bien pourquoi les amitiés de ce temps là se sont si vite dissoutes.