J’ai reçu un long message de Patrick Kéchichian. Nous nous étions rencontrés au Monde au moment de mes premières piges, en 2005. J’y étais entré en avril avec un papier sur Remonter l’Orénoque de Mathias Enard. Josyane grâce à qui j’avais mis un orteil dans la rédaction était alors sur le départ et m’avait confié à Christine Rousseau. Pigiste, je le suis resté, du règne de Franck Nouchi à celui de Jean Birnbaum. Même si j’ai cru un moment qu’on allait m’embaucher. Aujourd’hui, ma collaboration est pour le moins hachée. Kéchichian m’écrit à propos de mon livre, tenant des propos très louangeux. Confortants surtout. Il l’a lu grâce à Dominique Lefrère à qui je l’ai dédié (Une amie d’adolescence, m’écrit-il). Je suis toujours troublé de m’apercevoir de la manière dont les existences se croisent. Pendant plus de quinze années, et davantage, je pense, elle a été ma thérapeute, mon analyste, ma directrice de conscience. Elle m’a aidé à devenir qui je suis, à retrouver qui j’étais. Aussi à me sauver, à m’enfuir, à m’évader. Je lui dois mes livres et tout particulièrement ce dernier. Je lui dois mon bon, ou plutôt mon vrai côté des choses. Depuis que j’ai mis fin aux séances, nous nous sommes aperçus quelquefois au Rostand, de loin. Un sourire. Un petit signe. Il faudra bien qu’un jour, je lui témoigne de cette reconnaissance-là. Deux chroniques sur L’officier, dans Le Parisien week-end et le Figaro magazine. Je suis gâté.