C’est le temps des enfants. Gabrielle et Antoine sont restés à la maison de jeudi dernier à dimanche. Ils poussent vite et un peu dans tous les sens ces deux-là. Sept ans, quatre ans. La différence d’âge s’est vraiment creusée au moment où Gabrielle a appris à lire et à écrire. Mais alors qu’elle cavalait loin devant, dans une frénésie de savoir et de connaissances, enthousiasmée d’indépendance, voilà qu’elle semble maintenant l’attendre. Comme si elle craignait de l’abandonner. Du coup, ils se retrouvent toujours dans le « en même temps et ensemble ». Loin d’être désagréable pour nous. Au contraire. Mais j’ai l’impression qu’on leur rendrait service en les prenant, de temps en temps, séparément. Je crois que je pourrais être davantage attentif à ce qu’ils sont l’un et l’autre. Amélie n’est pas de mon avis. Elle pense, au contraire, qu’il faut laisser se développer cette espèce de lien fusionnel qui leur permet de faire face (de résister ?) à un environnement familial pour le moins compliqué. Marion et Jérôme sont au bord de la rupture, puis plus du tout, et au contraire. Ca souffle le froid, le chaud. Comment ne pas imaginer combien ce doit être déroutant pour les deux petits. Amélie a sans doute raison. J’ai grandi seul et je ne mesure pas bien l’importance de la relation fraternelle. N’empêche, à la rentrée, je vais m’arranger pour passer avec Gabrielle quelques mercredis après-midis, comme je l’avais fait il y a trois ans. Musées, expositions, théâtre, restaurants en tête à tête, grandes discussions. C’était un peu, à ce moment-là, entrebailler la petite porte d’Alice. Elle a gardé une nostalgie, un peu floue, de ces jours. Ils sont pour elle déjà bien lointains. Demain, ce sont Victoria, Valentine et Apolline qui arrivent avec Amélie au train du soir. Thomas, le fils de Séverine, les accompagne. Je suis impatient et heureux.