Les journées s’effacent au fur et à mesure. Je ne les vois pas passer, je les oublie. Je m’oublie. Je n’arrive pas à écrire une seule ligne. J’ai beau m’astreindre au travail, rien ne se passe. Sauf le temps. Le poids de ce livre m’étouffe. Je suis accablé d’angoisse. Je n’y arriverai jamais. Amélie est rentrée à Paris dimanche dernier avec les enfants et Jérôme. Leur séjour s’est bien passé. Je crois qu’ils étaient contents. Brigitte et Yann sont venus dîner et Gabrielle a pu faire son spectacle de marionettes devant un vrai public. Nous avions passé la matinée à écrire le texte pendant que les autres étaient au marché à Granville. L’histoire ? Justement Brigitte et Yann sont invités à dîner. Mais voilà qu’ils arrivent à l’heure du déjeuner. Ils n’ont rien compris et on les renvoie sans ménagement. Du balai ! Revenez ce soir. Au fait, quel plat leur préparer ? De la bave de crapaud avec des vers de terre. Berk ! Dans la distribution, il y avait Amélie en sorcière, Jérôme en grand diable, Antoine en petit diable. Le lendemain nous avons été tous ensemble à la messe des Rameaux à la Lucerne. Latin et chœur grégorien. Ca a paru bien long à Jérôme (de fait, c’est l’office le plus long de l’année) qui a fini par sortir au prétexte qu’Antoine devenait turbulent. Difficile après de refuser à Gabrielle de les rejoindre. Pauvre Jérôme. Pour un peu je m’en voudrais presque de lui avoir infligé cela.