Nous aurons passé une semaine à Magagnosc dans ce curieux temps de la fin d’année. Tous les sentiments, les émotions, toutes les couleurs s’y agglomèrent, s’y mélangent, jusqu’à se fondre dans un gris un peu étouffant. Nous avons pourtant eu le ciel bleu que nous espérions tant, un bleu azur éclatant, ensoleillé, à peine froid de saison. Nous nous sommes promenés dans Grasse, dans Antibes. Avons fait des courses de rien. Des douceurs, de petits cadeaux. Le soir de notre arrivée, nous étions invités, avec Claire et Emanuel, à Opio chez Olivier et Anne. Grande maison sur les hauteurs. Lui est un ami de longue date d’Amélie que je n’avais rencontré que deux ou trois fois. C’est qu’ils s’étaient un peu perdus de vue. Ni Amélie, ni moi ne connaissions encore sa femme. Ils ont trois enfants. Un garçon, Hector et deux filles, Alice et Clara. Bientôt dix, sept et cinq ans. Nous avons passé une soirée très amicale. Chaleureuse. Paisible. J’ai bavardé un peu avec Hector. Grand lecteur, fan des aventures de Harry Potter. J’ai promis des livres pour les trois, à leur adresser en janvier, pour les étrennes. Et puis cela a été Noël, la messe du 24 dans la minuscule église du Rouret avec les petits du catéchisme qui faisaient la crèche vivante. Le dîner de réveillon. Foie gras et gravlax préparés par Emmanuel. Champagne et bonnes bouteilles. Gabrielle et Antoine découvrant leurs cadeaux le lendemain. Les feux de bois, les parties de jeu des sept familles, les histoires, les petits poèmes à inventer : Gabrielle range la vaisselle tout en mangeant du caramel. Fragile quiétude. Jérôme et Marion se sont à nouveau violemment disputés. Il y a chez Jérôme une colère et un chagrin qu’il tente de contenir et qui éclatent d’un coup. Que puis-je faire pour l’aider, pour les aider, à sortir de ces déchirements incessants ? Le silence qui suit, le retour au faisons semblant, sans explications, sans mots à mettre sur leur détresse, sont aussi effrayants que leurs querelles. Et les enfants… Cela remue en moi d’horribles souvenirs. Oui, comment les aider ? Ils ont repris le train le mercredi. Nous sommes allés déjeuner, en famille, à la maison de retraite. Autour de Jacqueline, ses enfants, Denis, Dominique, Yann, Caroline, François, Magali, frères et sœurs de Claire (n’en manquait qu’un qui vit aux Etats-Unis). Et Emmanuel, Amélie et moi. Pas très gai, malgré le champagne que François avait apporté. Au revoir Jacqueline. Bonne fin d’année. Tous se sont retrouvés après pour vider l’appartement où elle ne reviendra pas. Nous sommes allés faire un tour au bord de la mer. Un autre déjeuner, le lendemain, avant le train du retour, à la Ferme, en famille, chez François. Et pour le coup, assez joyeux. Le voyage m’a paru interminable. Amélie était épuisée. Une journée à Paris. Nous sommes rentrés à Carolles. Récupéré la chienne à Saint-Pierre-Langers. Tout s’est bien passé ?