Départ très tôt pour la gare de Lyon. Chauffeur Uber infect. Le bonhomme, garé à l’autre bout de la rue me regardait dans son rétroviseur tirer les deux lourdes valises. Il a juste commandé l’ouverture du coffre de l’intérieur et me les a laissé charger seul. Comme Amélie rassemblait encore les dernières affaires à l’étage, il a grommelé : On va encore attendre des heures ? Parce que je n’ai pas que ça à faire. Je travaille. Pour le reste, le voyage a été sans histoires. J’avais emporté du travail, je n’ai rien fait, même pas ouvert un livre. A partir d’Avignon, le soleil brillait haut. Je me suis laissé embarquer dans le paysage. Claire et Emmanuel nous attendaient à la gare d’Antibes. Nous sommes allés directement rendre visite à Jacqueline, la grand-mère maternelle d’Amélie qui vient d'être installée à quatre-vingt-douze ans dans une maison de retraite médicalisée. Impossible pour elle de rester dans son appartement. La présence de quelqu’un vingt-quatre heures sur vingt-quatre lui étant devenue nécessaire. Nous ne sommes restés qu’un court moment dans la chambre, car elle se fatigue vite. Mais je la sens acharnée à vivre, à durer. On l’a dite plusieurs fois perdue, elle a repris pied à chaque fois. Tenant la dragée haute à tout son entourage et à la mort. Chez moi, les vieillards ont toujours été résignés et doux. Je crois. Déjeuner tardif aux Margouillats. La crèche dans l’entrée, le sapin brillant de boules et de guirlandes dans le salon. Marion et Jérôme arrivent avec les enfants le 23.