J’étais allé promener La Harpe sur la falaise vers la Croix Paquerey quand le ciel s’est couvert d’un coup d’énormes nuages, sombres, épais au point de faire virer le ciel du matin en une sorte de crépuscule. J’ai pensé à un gros orage et j’ai hâté le pas pour rentrer à la maison. Puis le vent s’est levé. Un vent tiède, poisseux, et le gris foncé du ciel a viré marron sale avant de devenir couleur d’ambre. L’air portait des odeurs de brûlé. Sur la mer, plus d’horizon. Quelle effrayante étrangeté. J’ai mis un moment à comprendre que tout était devenu silencieux aussi. Pas un seul chant d’oiseau. Ce temps bizarre et inquiétant a duré la journée entière. J’ai guetté en vain au carreau une trouée de lumière. J’étais sans forces. Epuisé d’animale inquiétude. Il y a une explication. La tempête Ophélia soufflant sur l’Atlantique emporte avec elle du sable des déserts et de la fumée des incendies des forêts portugaises. C’est tout cela qui était en suspend.