Pour masquer les taches sur le sisal (irrécupérables), j’avais cherché un tapis de couloir ancien, genre « oriental ». J’ai fini par en dégotter un, à un prix raisonnable, d’un peu plus de quatre mètres, à motifs gül, bordé d’ocre dans les tons rouge et bleu. Il fallait aller le chercher à Saint-Nazaire. 200 km au bas mot. Nous avons fait l’aller-retour dans la journée. Le ciel couvert et la pluie n’y étaient sans doute pas étrangers, mais j’ai trouvé la ville sinistre. Sans âme. Pas de passé, plus de passé. Les bombardements anglo-américains pendant la guerre l’ont détruite à plus de 85%. Amélie avait un conseil municipal. Nous sommes rentrés juste à l’heure. A l’issue de la réunion, la mairie avait organisé un petit buffet de « mi-mandat ». La conversation a vite roulé sur la Croix-Paquerey et le campement des nomades. Depuis bientôt une semaine, les riverains sont confrontés au bruit incessant, à la saleté, et à toutes sortes de friponneries. Plusieurs cabines à la plage auraient été vandalisées, une meule de foin brûlée. Ils partiront dimanche, m’a assuré Jean-Marie. C’est possible. Mais, sans même parler du coût que vont occasionner le nettoyage et la « cicatrisation » du lieu, comment faire en sorte qu’ils ne reviennent pas ?