J’ai soixante ans aujourd’hui. Je me le suis dit à haute voix ce matin dans la glace. En me regardant, tout seul, dans le fond des yeux. Pauvres yeux. Soixante ans. Quelle misère. Cela fait un moment que je ne me reconnais plus. Nous sommes à Pise. Amélie m’y a embarqué parce que, justement, je ne voulais voir personne pour ce fichu anniversaire. Pas de cadeaux. Pas de souhaits. Pas un mot. Rien. J’aurais voulu oublier la date. Oublier mon âge et le temps qui passe. Soixante ans. Ca sent la grande glissade. Même si la pente reste douce. J’entre dans mon automne en frissonnant. Elle est pourtant bien belle cette fin septembre à Pise. Dès qu’on a fui la horde de touristes qui envahit la piazza dei Miracoli, le calme et la douceur reviennent. Personne sur les bords de l’Arno, personne au jardin botanique, personne au Musée national San Matteo (nous étions vraiment seuls dans la salle des grands crucifix des XIIe et XIIIe siècles). Nous logeons dans un ancien palais tout à côte de l’église San Sepulcro où est enterrée Marie Mancini. Petit clin d’œil au roman de Jean-François Kervéan, Animarex, que je suis en train de lire. Merci Amélie.