Virginie, Marcus et Victoria ont fait escale chez nous de retour d’Afrique avant de rentrer à Mexico. Le voyage, c’était pour les dix ans de Victoria. Elle voulait voir les animaux. Elle n’a pas été déçue. Pendant sa semaine de safari du Botswana à la Zambie (ou au Zimbawe…) elle aura croisé des troupeaux d’éléphants, des lions, des zèbres, des crocodiles, des antilopes, des girafes. Des autruches. Et des oiseaux de toutes les couleurs. Fin du périple aux chutes Victoria… Elle était encore là-bas quand elle nous en parlait. Nous lui avons offert son cadeau d’anniversaire : une paire de Dr. Martens rouge pétard. Je lui ai glissé une édition poche de La ferme africaine de Karen Blixen. Elle est peut-être encore petite pour le lire, m’avait prévenu Amélie. Possible. Mais je m’étais souvenu de Karen et moi, le livre Nathalie Skowronek publié chez Arléa en 2011. J’ai découvert Karen Blixen, y écrit-elle, sous une tente, au Kenya, j’avais onze ans, je voyageais avec mon frère et mes parents. À la lumière d’une lampe de poche, je lisais La ferme africaine et elle c’était moi et moi j’étais elle. Je me suis dit que cette magie-là pouvait très bien recommencer. Marcus nous a invités à déjeuner. Il avait réservé depuis longtemps au Clown Bar, le bistrot de la rue Amelot, repris il y a six mois par une nouvelle équipe. Repas délicieux et surprenant (des beignets de bulots aïoli, de la cervelle de veau aux coques et aux rattes fumées…). Victoria s’est endormie sur la banquette. J’ai tenté sans succès de la réveiller pour le dessert. Il faut dire que je n’ai pas insisté beaucoup.