A additionner les rendez-vous repoussés les uns après les autres, cela faisait bien deux ans que je devais prendre un café avec Sylvie Tanette. Nous nous sommes retrouvés au Rostand. Nous avions fait connaissance une première fois, sans nous voir, à l’occasion d’une émission de la Radio suisse romande le lendemain de mon accident de mars 2011. Je n’avais pas pu me rendre au studio à cause de ma jambe dans le plâtre et j’étais intervenu comme j’avais pu par téléphone. Puis nous étions juste croisés. Son roman Amalia Albanesi était sorti à la rentrée d’alors (une belle histoire de famille et de femmes qu’elle déroulait des Pouilles à la Turquie, de l’Égypte à Marseille). Au Monde, Josyane avait rédigé un court papier. Je n’avais pu écrire que quelques mots dans ma chronique de Next. Nous nous sommes repassés les épisodes depuis tout ce temps. Parlé de littérature. Des livres des autres et des notres. De nos grands projets et de nos petits boulots. J’ai déjeuné avec Nathalie dans un italien sans intérêt de la rue Monsieur-le-Prince qui s’est installé à l’emplacement de Maître Paul, le restaurant franc-comtois. Ce paysage-là bouge aussi. On ne fait pas attention et puis un jour on s’aperçoit que tout a changé. Je ne reconnais plus le quartier. D’affreux fast-food se sont succédés à la place du café Capoulade. En face, le Mahieu a été remplacé par un MacDo. Le Cluny, plus bas, est une pizzeria Del Arte. Zéro de conduite est devenu un japonais et le Lazy place une banque. Bah, il reste le Rostand.