Nous avons laissé les valises à la bagagerie de l’hôtel pour notre dernière journée. Longue visite de l’exposition « Trésors de la collection Brukenthal », à la Villa Vauban, le musée d’Art de la Ville de Luxembourg. Je n'avais jamais entendu parler de Samuel von Brukenthal. Cet aristocrate des Lumières, de la cour de Marie-Thérèse d’Autriche, avait rassemblé, à partir de la moitié du XVIIIe siècle, peintures, sculptures, estampes, livres, monnaies, médailles et une foule de curiosités précieuses. L’ensemble est habituellement conservé dans son palais, à Sibiu, en Transylvanie, où l’impératrice l’avait nommé gouverneur. Ici, c’était surtout les tableaux. Des splendeurs. Un Ecce Homo de Titien, un portrait de jeune garçon de Véronèse, et des van Eyck, des Memling, des Frans Boels, des Jacob Jordaens, des Hans Wertinger… Il y avait aussi une Vierge Marie de Cranach l’Ancien et une des plus belles versions du Massacre des Innocents de Brueghel. L’autre aile du musée était réservée à un choix des collections permanentes. Le plus étonnant est que les salles étaient vides. Ou presque. Cinq, six personnes. Au plus. Ce qui m’a séduit pour une grande part dans ces trois jours restera cette absence de foule et de bruit. Partout. Rien ne gâche l’harmonie. Comme nous rentrions de déjeuner, j’ai trouvé, abandonnée contre une gouttière, au coin d’une rue, une petite toile sale et abîmée. Une croûte d’amateur sans vrai âge, pleine de charme naïf. Elle représente un paysage de polder. Les Moëres peut-être. Barque plate, maisons basses aux tuiles flamandes, passerelle à bascule, meule de foin à toit carré. Je l’ai prise sous le bras. Ce sera notre souvenir de ce voyage. Retour à Paris. Nous avons dîné chez Marion et Jérôme. Gabrielle a bien grandi…