Marché à Saint-Nicolas. Juste quelques courses (Je repars demain…). Il n’y avait pas grand monde. Le vent apportait une inquiétante grisaille. J’ai été dire bonjour à Eric. Son bateau acheté au début du printemps est enfin à quai à Granville. On fête ça samedi. Tu va manquer quelque chose… J’ai redressé les rosiers couchés par les pluies des semaines précédentes. Coupé les fleurs fanées. Arrosé les lupins et les digitales. René a téléphoné sur le coup des deux heures. Je suis chez Georgette. Je l’ai accompagné à l’auberge où il avait réservé sa chambre. On va à ta maison ? Nous avons passé ensemble une drôle d’après-midi de peu de mots et de discrets souvenirs. Il a quatre-vingt-cinq ans, et toujours sa bouille de jeune homme étonné. Il a regardé un peu interloqué les animaux empaillés, les boîtes d’insectes du couloir. Qu’est-ce que c’est que tout ça ? Fait le tour du jardin. Visite au cimetière. La dernière fois que j’étais venu, j’avais planté des némesias pourpres au pied de la tombe. Il a cligné des yeux. Je pense à ta mère tous les jours. Des quinze enfants de Joseph, il ne sont plus que trois aujourd’hui. Le ciel avait viré au bleu. A peine quelques nuages. Je l’ai emmené voir le mont Saint-Michel vers Champeaux. Nous avons pris les petites routes le long de la baie. Tu as bien promené ?, lui a demandé Georgette.