Ma mère aurait eu quatre-vingt-quatorze ans aujourd’hui. J’ai repensé à ce week-end de Pâques 2006, la dernière fois que je l’ai vue avant son agonie du 29 avril, la même année. Ca avait été une jolie journée. Au départ, vers la fin d’après-midi, sur le seuil, avant que je monte en voiture, elle m’avait serré dans ses bras. Sois heureux. Sois heureux, avait-elle répété. Nous avons rejoint Claire et Emmanuel chez Al Ugarit, le libanais de la rue de la Croix-Nivert. Mezzehs chauds, mezzehs froids et vin rosé. C’est un restaurant où nous ne sommes jamais allés qu’au moment du Salon du livre (la porte de Versailles est à deux pas). Nous en avons fait longtemps notre halte de retour, quand nous rentrions à pied rue Fondary, le soir tard. Tradition rompue l’an dernier à cause de l’accident. Cette fois-ci, nous prenions l’itinéraire dans l’autre sens. Salon bondé. Claire et Emmanuel ont fait leur petit tour des éditeurs avant d’aller chercher Gabrielle chez sa nourrice.