Ma journée d’hier ne passe pas. J’en ai traîné la gueule de bois toute la journée. Commencé une foule de choses que j’ai abandonnée tout de suite. Rien ne vient. J’ai épluché les dossiers que m’a laissés Noëlle. C’est une successions de copies de courriers administratifs adressés de Nouméa par mon père au commandement général. Je suis parvenu juste à en extirper quelques dates. Pas assez pour tracer une chronologie. Les quelques photos de défilés militaires et de prises d’armes sont en vrac dans un album vide où ne subsistent que les légendes de moments intimes, de scènes de famille. Où sont passés ces clichés ? Repris les journaux pour préparer la semaine d’actualité des cours de jeudi à Censier. Sur le site de L’Express, un papier non signé dénonce « La fausse exclu du Magazine littéraire de Macé Scaron ». Ca tourne à l’acharnement. Dans son numéro du Salon du livre, Le magazine a publié une interview de Haruki Murakami réalisée par Emma Brockes, une journaliste anglaise. Interview achetée au Guardian et exclusive en France. Clairement signée. Où est le souci ? Quelle aigreur, quelle mauvaise foi, quelle lâcheté, quelle méchanceté… J’ai remonté dans les publications « livres » de L’Express. En février ils ont commis un bref dossier sur « Les livres que vous avez eu honte d'aimer ». Étrange idée. Qui peut avoir honte de lire ? Tout au plus, il y a les livres qu’on relit avec plaisir et ceux dont on sait qu’on ne les relira pas. Édifiantes réponses de leurs « critiques littéraires » On apprend que l'un d'entre eux regrette Beaucoup de livres de Marguerite Duras (sauf La douleur) dont la petite musique tourne généralement à la rengaine, sans le moderato espéré !. Un autre vomit Le degré zéro de l'écriture, de Roland Barthes. Comment a-t-on pu nous faire croire que la vision congelée de la littérature proposée dans ces pages était juste ? Ah, tiens, c’est Jérôme Dupuis… Tu as dit degré zéro, monsieur ?