J’ai le sommeil embrouillé de drôles de rêves. Des cauchemars, si l’on veut, d’où je m’arrache plusieurs fois par nuit, paniqué, essayant de secouer au loin les lambeaux de ces histoires étranges. Quelle heure est-il ? Ca se dissipe lentement et il n’en reste rien qu’une impression mauvaise. Je me lève épuisé. Il faisait bleu et soleil ce matin. Mais un peu avant midi, le brouillard était à nouveau accroché partout. Nous sommes allés payer le loyer du potager, chez les Lesoudier. Même céremonial à chaque fois. Ca se passe à Jullouville dans leur « maison de vacances » abandonnée à l’humidité depuis l’automne. Ils ouvrent les persiennes. Il fait glacial dans la pièce. Vous prendrez bien l’apéritif ? Mme Lesoudier sort les bouteilles d’un panier en osier. Du Byhrr, un fond de pastis. Un doigt seulement. Je tends ma petite enveloppe. Je ne compte pas. On vous fait confiance. La conversation traîne sur le temps qu’il fait. Qu’il a fait l’an dernier. Pourvu qu’on ait un bel été… Ils nous raccompagnent à la porte. Nous font un signe de la main quand la voiture démarre. Cette année, je n’ai pas osé leur servir ma rengaine : Vous ne vendez toujours pas ? Je connais la réponse. Si on se décide, vous serez les premiers avertis. N’empêche, les années passant, cette bande de terrain avec sa casemate envahie de lierre devient inaccessible. Le prix du m2 ici dépasse largement les cents euros. Autant dire que nous n’aurons jamais les moyens. Rangement, lectures. Agathe m’a apporté une petite salamandre morte qu’elle avait ramassée sur le bas-côté de la route de la Mazurie. Je l’ai nettoyée. Conservée dans l’alcool. J’ai maintenant un placard plein de ce genre de trouvailles. Insectes, coquillages, végétaux biscornus. Nous sommes allés cueillir à nouveau du mimosa chez Annick et Norbert. Fait un gros bouquet pour Georgette.