J’avais expédié la semaine dernière les moyennes de mes ateliers d’écriture à la fac, avec les notes du remplacement d’Astrid. On tombait assez juste tous les deux, d’ailleurs, sur les évaluations. Et puis voilà que j’ai commencé aujourd’hui à recevoir des messages des étudiants. Plein de petits mots gentils. Ils n’étaient vraiment pas obligés. Ca m’a été un vrai crève-cœur de les laisser ainsi cette année. Déjà au premier semestre, puis au second. Eux aussi, comme les collégiens d’Eugène Varlin, j’ai eu l’impression de les abandonner. Je ne crois pas avoir l’âme très « pédagogique ». Je voudrais juste qu’ils se servent dans le peu que je sais. Et que ça leur donne envie d’aller ailleurs. Plus loin. Ce qu’ils m’écrivent me montre juste que je n’ai pas trop tort d’avoir ces idées-là. J’ai toujours été méfiant avec les profs. A de rares et de belles exceptions près, je crois qu’ils n’aiment pas leurs étudiants, leurs élèves. Leur rêve est sans doute faire cours devant un miroir et de s’écouter parler. Enfin seul ! Il y en avait un comme ça paraît-il, l’an dernier ou encore avant, à Censier, qui flanquait ses étudiants à la porte quand ils ne savaient pas répondre. Au bout d’un moment, soit qu’il les avait fait sortir, soit qu’ils s’étaient sortis tout seuls, il ne lui restait plus grand monde. En revenant du marché, à Granville, Amélie a fait le détour par l’encadreur de la rue des Juifs. Le tableau était prêt. Nous l’avons accroché. On dirait qu’il a toujours été là. Isabelle et Fabien sont passés avec leur toute petite fille. Et oui, encore une naissance... Elle s’appelle Pauline et elle est née aux premières heures du 23 mai. Une brunette, chevelue, incroyablement sage. Déjeuner au jardin. Mme Bassard est venue nous rendre visite, pour prendre de mes nouvelles. C’est un peu le monde à l’envers en ce moment. Elle a quatre-vingt-six ans. Mais c’est vous qui n’allez pas bien ! Georgette, elle, se porte comme un charme. J’ai mis le muscadet au frais. Je craignais qu’elle ressasse des inquiétudes après le cambriolage « domestique » qu’elle a subi le mois dernier. Une aide-ménagère remplaçante (vraisemblablement, mais cela est difficile à prouver) a fait main basse, dans son secrétaire, sur de l’argent liquide et sur quelques Louis d’or (des Napoléons, plutôt) qu’elle conservait religieusement. Les gendarmes avaient fini par se déplacer faire un peu de figuration. Mais ce n’est rien, répète-t-elle. Plaie d’argent n’est pas mortelle et… je m’en fiche !