Aujourd’hui, Maman aurait quatre-vingt treize ans. Une petite fille née dans l’exode de la Première guerre mondiale. Je ne suis pas retourné depuis bien longtemps à Chassignolles, le village de l’Indre où ma grand-mère était réfugiée. Chaque fois que j’y passais, sur la route de quelque part, j'envoyais une carte postale. L’église. Il n’y avait pas le choix. C’est là où elle avait été baptisée en 1918 par l’aumonier d’un régiment de dragons, au repos, très loin des lignes. J’ai appelé Martine pour annuler mon débat de demain avec les auteurs nordiques. Décommandé aussi mes autres rendez-vous, les interventions dans les classes, les rencontres, les soirées. Je ne verrai pas les étudiants non plus, pendant au moins une semaine. Les calmants font de l’effet. Je n’ai plus vraiment mal, mais je flotte. Difficile de rassembler deux idées à la suite. J’ai envoyé un message à Josepha pour sa fête. De justesse. Je lui ferai un petit paquet la semaine prochaine. Amélie m’a raconté le Salon. Je la trouve vraiment courageuse de passer ses journées là-bas, sans transition. Nous avons lu, à peine. Eté vite nous coucher.