Georgette va mieux. Elle s’est extirpée de son épuisement. Jusqu’à la prochaine fois. Elle sourit. Mme Chevalier est passée la voir. Changé quelques prescriptions dont les effets secondaires l’embêtaient vraiment. Elle écoute ce que je dis, elle… Oui, Georgette va vraiment mieux. Même si, à chaque fois, elle nous fait peur. Même si, un peu plus, à chaque fois, elle apprivoise sa peur. Nous avons été faire les courses à Granville. Elle nous avait laissé une grande liste d’épicerie. Je n’ai plus rien. Thierry Giffard a terminé le portique (la pergola ?) qui remplacera l’arceau dévoré de rouille de l’entrée de la maison. Il l’avait déposé, en trois morceaux, contre le tas de bois. Amélie en a commencé la peinture. Il faudra bien deux couches. J’ai taillé le rosier grimpant de manière à ce qu’on puisse le glisser sans souci d’un support à l’autre. Nous sommes rentrés au jour baissant. Nous avons allumé du feu. Et toute l’histoire de la maison aurait pu s’arrêter là. J’avais démonté les chaises vermoulues de la salle à manger pour faire du petit bois. Découpé les pieds, les assises. Notre cheminée est en fait un gros Godin colonial dont la façade s’ouvre largement. Lorsque j’ai alimenté le feu avec toutes ces vieilleries, elles se sont mises à flamber de manière impressionnante. J’ai fermé le foyer, mais la chaleur était telle que les portes sont devenues incandescentes. Il a fallu vider deux extincteurs (grâces soient rendues à ma mère qui avait une telle peur de l’incendie qu’elle en avait acheté une collection…) pour arrêter les flammes. Le mur du conduit était brûlant. Je crois que si nous n’avions pas fait ramoner l’été dernier, nous étions bons pour le feu de cheminée. Etrange fin de soirée à nettoyer les cendres et la poudre, les fenêtres grandes ouvertes. Tout va bien ? - Oui, mais je crois qu’on l’a échappé belle.