C’était le jour de mon pèlerinage. De ma promesse ou de mon vœu plutôt. Six heures de train pour aller jusqu’à Lourdes. Autant pour le retour. Pendant le trajet, j’ai lu le manuscrit du livre de Laurence. Son texte est comme une longue lettre adressée à son père. Pudique, attentive, envahie d’un infini chagrin, d’une infinie tendresse. Elle y parle du manque, du vide, des silences blessants. Prononce les mots justes et espère. Simplement. Arrivée sous une bruine imperceptible, tenace qui, tout le temps que je suis resté, n’a pas cessé un instant. C’était la première fois que je venais à Lourdes. J’imaginais la ville envahie de fidèles. Je me suis rendu compte que j’avais vraiment voyagé hors saison. Personne dans les rues. Tous commerces fermés, rideaux de fer tirés. Au sanctuaire, la basilique était en travaux. Les barrières métalliques installées en couloir pour aller vers la Grotte. J’aurais dû être déçu, pourtant cela faisait comme une grâce que d’être là, tout seul, ou à peine, ou presque. J’ai allumé mes cierges. Eté boire à la Source. Et j’ai dit mon Rosaire. Au retour à Paris, sur le quai de la gare, Amélie m’attendait.