J’ai annoncé aux étudiants que je serai absent quinze jours à la fin du mois. Ils en profiteront pour écrire leur reportage. D’ici là, je leur ai proposé un petit galop d’essai. Rédiger un court texte autour d’une anecdote du quotidien, d’une rencontre, d’une scène de rue. - Mais quoi par exemple ? Soyez juste curieux. Il se passe tant de choses. Des gens qui râlent aux caisses du Monoprix. Une sortie d’école. La fourrière enlevant des voitures mal garées. Une conversation entendue dans un café. Des amoureux qui s’embrassent. - Il faut leur poser des questions aux amoureux ? Vous pouvez essayer... Déjeuner dans un bistrot italien de la rue Claude-Bernard. J’ai revu mes notes pour Jeux d’Epreuves. Les deux émissions se sont bien passées pour les livres que je défendais. Délaissé de Fred Léal (P.O.L.) et surtout Délires d’André Baillon (La Renaissance du Livre). Baillon, cet auteur belge si peu connu en France. Dévoré de folie, de mots fous et désespérés. Baillon sans cesse à bout, suicidé en 1932. Je suis rentré en taxi avec Joseph. Rejoint Amélie à la librairie d’Olivier Renault, L’arbre à lettres, rue Boulard. Sébastien Lapaque y dédicaçait l’édition poche de son livre paru chez Stock en 2004, Chez Marcel Lapierre, magnifique éloge d’un morgon « nature », vinifié sans SO2, ni levurage. De vignes cultivées sans engrais chimiques, ni désherbants. Sébastien écrit volontiers sur le vin et la bonne chère. Mais il est aussi (et surtout…) un spécialiste de Bernanos et un romancier des derniers retranchements… Nous ne nous étions pas vus depuis un moment. Nous avons bu quelques verres, partagé un rien de désabusement. On peut encore y croire... Retour à la maison. Amélie a appelé Victoria, au Mexique. Elle a six ans. Pour son anniversaire, nous lui offrons un poisson rouge. Clémentine va l’emmener le choisir. Victoria a promis qu’elle lui trouverait vite un nom.