Alain est venu dîner aujourd’hui. Et faire étape pour la nuit. Il arrivait de la côte Atlantique, accomplissant, comme tous les ans, son tour de France des amis, perdus et retrouvés. Il m’avait déjà demandé l’année dernière s’il pouvait venir à la maison. Mais nous étions absents. Un bail que nous ne nous étions pas vus. Quinze ans, au moins. Et ce jour-là, d’ailleurs, ça avait été presque une coïncidence. J’ai fait sa connaissance à l’école de service social, à la fin des années 1970. Je me souviens que nous avions travaillé ensemble à un mémoire sur les Sans Domicile Fixe. Le terme était tout neuf à l’époque... Nous nous sommes perdus de vue un ou deux ans après le diplôme. Je crois. Je ne sais plus. J’ai l’impression qu’il y a un gouffre entre aujourd’hui et ce temps-là. Je m’étais égaré. Alain a maintenant une soixantaine d’années. Il est à la retraite. Nous avons parlé d’aujourd’hui. De ses déménagements. De ses voyages. Il part début septembre pour les Etats-Unis. Un pays qu’il connaît bien. Où il a des amis. Aussi. Justement…J’admire sa fidélité. Il nous a expliqué qu’il tenait à conserver les liens. Le voilà avec sa pelote emmêlée. Patiemment, il la débrouille.