M. Mitaillé a terminé l’entretien du jardin ce matin. Cette année, en plus de la taille des haies, du ramassage des aiguilles de sapin et des feuilles mortes, je lui ai demandé d’agrandir le plate-bande des hortensias et d’en creuser une autre, à droite de la maison. J’y planterai des rosiers à la fin de l’automne. C’est la dernière année qu’il vient ici. Il prend sa retraite après l’été. Son fils Bruno lui succède. M. Mitaillé a été le bon génie de la vieillesse de ma mère. Arrangeant un volet branlant, recollant une chaise cassée, fabriquant des cabanes à oiseaux. Et s’occupant du jardin… Chaque fois que je venais, je le trouvais toujours impeccable. La cour ratissée avec soin, les rosiers attachés. Pas une fleur fanée. Il était passé la veille ou l’avant-veille. Je lui ai demandé de venir avant que tu arrives… Je fais pareil. Marie est à la maison pour quelques jours à partir d’aujourd’hui. Je sais… Je lui ai promis de ne plus parler d’elle dans ce journal. Aussi, je ne dirai rien ou presque. Elle était passée par Tavers, chez Barbara et Michel, et me rapportait les deux portes en vitrail du buffet de mes grands parents à Roubaix. Le meuble était là-bas faute de place. Et je n’ai jamais plus eu de place, justement, pour le récupérer. Je n’ai jamais revu Barbara et Michel depuis mon divorce. Sachant que Marie allait leur rendre visite avant de venir à Carolles, je me suis décidé à leur envoyer un mot maladroit. Je regarde ces deux portes, juste posées, pour l’instant, sur le marbre de la commode. J'ai simplement envie de dire merci.