Nous sommes allés dîner à Jullouville chez Danièle et Alain, un couple de lecteurs. Je ne me souviens plus bien comment nous sommes entrés en relation, mais avec eux existent un certain nombre de coïncidences de lieux et d’affinités discrètes. Surtout, ils connaissent bien Michel Besnier et sa femme Annie. Tous les deux étaient invités avec nous. Avec aussi une de leurs amies communes, Laure… Je n'avais de Michel que de quelques mots échangés dans le désoeuvrement de certains salons du livre. Des éclaboussures de moments. Nous nous étions dit que nous nous reverrions. J’étais très heureux de le retrouver ce soir. Son écriture m'est émouvante et exacte. Douce. Essentielle. La roseraie est resté longtemps un livre de chevet, comme n’est jamais loin de moi son recueil, Un lièvre en son gîte. patiemment tu soulèves les pierres/ (années passées sous le mur/ derrière les giroflées et les herbes coupantes/ avec un escargot cacheté/ et un crapaud taché d’ombre et de pisé/ années passées dans la blanche obstination/ du chiendent/ et la paix des sables oxydés)/ patiemment tu soulèves les pierres/ et atténues avec tes mains/ la dureté nouvelle du jour.

Nous sommes rentrés jusqu'à Carolles à pied par la plage. Dans le noir et les étoiles.

Et aujourd’hui, j’ai repris le livre. Doucement.